17 febbraio 2016

ARBRES monumentaux au XIX siècle: déja la défense et l'attention aux mesures.

L'amour des arbres n’est pas exclusif de notre temps, comme nous sommes amenés à croire, mais il est aussi vieux que l'homme. En effet, il y a des documents, des témoignages, que les ancêtres, même nos grands-parents, montraient un respect et une vénération particulière pour les grands arbres vétérans, chargés de branches et des siècles, comme de vrais «témoins» pas seulement de leur histoire biologique, mais aussi de l'histoire de l’homme. 
      Et planter un arbre, même pour profiter de l'ombre à l'avenir, était à l'époque un geste rituel et joyeux, qui - écrit J.J. Rousseau - donnait plus de satisfaction que l'exposition d'un drapeau interdit. Et nos ancêtres avaient même l’habitude de mesurer ces arbres (circonférence et diamètre du tronc, hauteur, longueur des branches, etc.), comme les amateurs des arbres aujourd'hui, qui semblent si “maniaques” è la plupart des personnes. Et les administrateurs, dans le cas malheureux de la mort ou l'abattage d'un arbre monumental, avaient soin de conserver dans les registres municipaux ses mesures exceptionnelles, pour la memoire future. 
      Tout cela nous l'avons decouvert par hasard en feuilletant Le Magasin Pittoresque, revue rare et raffiné de “curiosités” du Monde entier, imprimé à Paris à la moitié du XIX.e siecle, illustré de belles gravures de dessins originaux très détaillés: la photographie n'existait pas encore. Le deux articles sont datés 1850 e 1851. [N.V.] (1)

QUELQUES ARBRES REMARQUABLES
DE LA VALLEE DU LAC LÉMAN (2)
Le Magasin Pittoresque, Paris, 1851, pp.276-278

Jean-Jacques [Rousseau, NdT] parle d'un noyer qu'il avait aidé à planter sur l'esplanade du presbytère de Bossey, village où il avait passé quelques années de son enfance chez un pasteur. « Il y avait, dit-il, hors la porte de la tour une terrasse à gauche en entrant, sur laquelle on allait souvent s'asseoir l'après-midi, mais qui n'avait point d'ombre. Pour lui en donner, M. Lambercier y fit planter un noyer. 
      La plantation de cet arbre se fit avec solennité: les deux pensionnaires en furent les parrains, et, tandis qu'on comblait les creux, nous tenions l'arbre chacune d'un main, aver des chants de triomphe. On fit, pour l'arroser, une espèce de bassin tout autour du pied. Chaque jour, ardents spectateurs de cet arro­sement, nous nous confirmions, mon cousin et moi, dans l'idée très-naturelle qu'il était plus beau de planter un arbre sur la terrasse qn'un drapeau sur la brèche, etc. »
Avec la suite des années, ce noyer devint fort beau, et, depuis la mort de l'auteur d'Emile, bien des touristes fireut vers cet arbre un pèlerinage. Maintenant ce noyer n'existe plus; sans souci de son origine, ou parce qu'il l'ignorait, un paysan l'abattit en 1792.
      Non loin de Bossey, et sur le mème versant du grand Salève, s'élèvent les ruiues de l'abbaye de Pomiers, dont la fondation remonte à plus de sept siècles. La position de cet antique monastère est des plus gracieuses: adossé à la montagne, de magnifìques foréts la couronnent; de riches prai­ries partent de sa base et s'étendent au loin. C'est près de ce monument que l'on voyait des hètres gigantesques d'une venue admirable : le propriétaire actuel les a fait abattre.
      Traversons Genève pour visiter Beaulieu qui, ainsi que l'annonce son nom , est une villa sise dans l'une des plus agréables contrées du petit Sacconnex. Là esiste un cèdre du Liban planté en 1735. En 1843, sa hauteur dépassait déjà 30 mètres. Le tronc de cet arbre, mesuré en dernier lieu à un mètre du sol, a présenté une circonférence de 4 mètres 20 centimètres. L'étendue que couvrent ses branches est d'un diamètre de 19 mètres et demi.
      En cótoyant la rive vaudoise au nord du lac, on parvient à Morges. Avant d'entrer dans cette jolie cité, on longe une belle prairie, dans laquelle existe un ancien tirage: c'est là que l'on voyait encore, il y a seize ans, deux arbres jumeaux à peu près de la mème taille. Le plus majestueux de ces deux ormeaux succomba dans la nuit du 4 au 5 mai 1824, vers une heure, par un temps parfaitement calme. Il s'inclina au sud­est. Cette chute ne put étre attribuée qu'à l'extrème vieil­lesse de la plante, dont la plupart des racines se trouvèrent pourries. Deux branches énormes, et d'un poids très-consi­dérable, détruisirent l'équilibre que n'entretenait plus la résistance des racines. 

      La perte de cet ormeau causa une douleur réelle aux habitants de Morges, qui, ayant fouillé les registres publics de leur ville, trouvèrent qu'en 1541 il existait une fontaine près de ces arbres d'une grosseur re­marquable dès ce temps-là. Ces mémes registres appren­dront aux descendants que l'ormeau tombé fut mesuré, par ordre du magistrat, pour conserver le souvenir de ses dimen­sions. Voici le relevé de ce qui a été enregistré. A la sortie des branches du tronc, cet ormeau avait 11 mètres et 16 centimètres de circonférence; le mème tronc, à sa sortie du sol, avait un diamètre de 5 mètres 70 centimètres. La longueur du tronc, dès la terre jusqu'à la naissance des branches, avait une élévation de 3 mètres 88 centimètres. Cinq de ses branches principales ont offert les circonférences suivantes la première 5 mètres 44 centimètres ; la seconde 3 mètres 88 centimètres; la troisième 3 mètres 21 centimètres; la quatrième 3 mètres 10 centimètres; la cinquième 3 mètres 5 centimètres. Une de ses branches conservait une grosseur égale sur une étendue de 9 mètres 74 centimètres, et, par­venue à une élévation de 23 mètres, sa circonférence était encore de 97 centimètres. Si !'arbre survivant peut conserver ses racines bien saines, il est facile de prévoir que, dans un temps peu reculé, il dépassera considérablement en grosseur colui qui succomba en 1824.
      A une distante de 2 kilomètres de Lausanne, près de la route qui conduit en France par Cossonay, se trouve un village nommé Prilly, auprès duquel existe un tilleul d'une grosseur très-remarquable, et dont l'ombre, au treizième siècle, couvrait la justice du lien lorsqu'elle rendait ses ora­cles, ce qui doit faire admettre qu'à cette époque, dont cinq cents ans au moins nous séparent, cet arbre devait avoir déjà atteint une certaine grandeur. Des observateurs prétendent que, dans ses dimensions, il dépasse l'ormeau de Morges.

      Cet arbre géant est la propriété de la municipalité de Lausanne, qui le surveille avec soin. Une petite fontaine, appartenant à la commune de Prilly, entretient la fraicheur de ses racines. Il y a quelques années, cette fontaine exigea des réparations qui devinrent l'occasion d'un arrangement entre les deux communes. Il y fut stipulé que les habitants de Prilly prendraient les plus grandes précautions pour n'endommager en aucune manière l'arbre vénérable, et que, sans cesse, ils lui donneraient des soins et auraient pour lui une attentive sollicitude. De son coté, la municipalité de Lausanne a pris l'engagement de ne jamais faire abattre ce tilleul; en sorte que les arrière-neveux des contractants peuvent espérer de jouir successivement et pendant des siècles de la vue d'un arbre véritablement phénoménal, puis­que sa végétation est déjà étonnante de nos jours.
      Un ormeau s'éleve majestueusement à l'entrée de Lutry, et quoiqu'il ne soit pas aussi grand que le tilleul de Prilly, il n'en est pas moins très-visité, soit à cause de son ancien­neté, soit aussi pour son magnifique développement. Comme nous ne voulons nous occuper ici que des arbres de la vallée du Léman, nous signalerons seulement un til­leul qui orne Villars; il y fut planté, à ce qu'on assure, pour perpétuer le souvenir de la bataille de Morat en 1476. Traversant le lac depuis Lutry, on débarque à Meillerie, dont les rochers suspendus ne sont séparés du Léman que par la belle route du Simplon. De Meillerie, et par des sites enchanteurs, on arrive au curieux manoir des Taleman, théàtre d'une légende aussi mysterieuse que saisissante. Du manoir de Taleman, on vient a celui de Maxili, et, au milieu du plus beau panorama, on rencontre le château de Neuve­-Celle, où chacun vient admirer le châtaignier célèbre dont nous donnons un dessin. Sans doute cet arbre était déjà très développé en 1480: en ce temps il abritait un humble ermi­tage. Il présente aujourd'hui à sa base une circonférence de 13 mètres. Sa couronne a maintes fois été frappée de la foudre. Mais quoiqu' on doive regretter ces accidents , il est encore tris-remarquable: aussi voit-il, pendant la belle saison, de nombrenx admirateurs arriver d’Èvian pour se reposer sous son ombrage.
      Évian, dont les eaux minérales alcalines sont si renom­mées, n'est distant de Neuve-Celle et de son châtaignier que d'un kilomètre au plus: descendons-y terminer notre ex­cursion. Dans l’enclos des bains, nous ne trouvons ancun arbre de la dimension de ceux que nous avons déjà décrits; il n'y a dans ce petit parc ni ormeau, ni tilleul, ni châtaignier, mais on y trouve, au delà du pont qui joint la terrasse au parterre, et un peu au-dessous de la source, deux rosiers de mème forme et presque égaux en grandeur et en gros­seur, donc le tronc a 27 centimètres de circonférence. Ces arbres, quoique d'un aspect bien différent de ceux donc nous avons parlé plus haut, ne sont point pour le voyageur une moins agréable cause de surprise.
      Qui a passé une saison sur les bords du bleu Léman, au centre d'une végétation si belle, n'en perd jamais le souvenir.



LE CHÊNE GIGANTESQUE DE MONTRAVAIL
AUX ENVIRONS DE SAINTES
Le Magasin Pittoresque, Paris, 1850, pp.219-220

Le chêne dont nous donnons le dessin [voir en haut, sous le titre, NdR] est remarquable par ses énormes proportions et son grand àge; il a été si­gnalé pour la première fois à l'attention publique par un observateur savant de la Rochelle, M. Charles Dessaline d'Orbigny père, à qui les sciences naturelles doivent un grand nombre de travaux précieux.
        L'arbre existe à un myriamètre environ à l'ouest-sud­ouest de Saintes, prés de la route de Cozes, dans la vaste cour d'un manoir moderne nommé Montravail; il appar­tient à l'espèce désignée par les botanistes sous les noms divers de Quercus longaeva, Q. foemina, Q. robur, etc. Ce patricien des foréts de la Saintonge est depuis longtemps cou­ronné, mais il est assez robuste pour pouvoir vivre encore bien des siècles, si quelque main vandale n'y porte pas la hache. Son écorce, de laquelle seule il tire encore de la sèvc, est vivace, très-saine, et fournit assez de sucs nourriciers pour entretenir dans les branches un feuillage frais, trés abondant et d'un beau vert.
      Voici approximativement ses proportions: diamètre du tronc au niveau du sol, 8 à 9 mètres; - à hauteur d'homme, 6 à 7 mètres; - de la base des principales branches, 1 à 2 mètres; - du développement général des branches, 38 à 40 mètres; - hauteur du tronc au-dcssous des branches, 7 mètres; - hauteur générale de l'arbre, 20 mètres.
      On a creusé dans le bois mort de l'intérieur du tronc un salon de 3 à 4 mètres de diamètre sur 3 mètres de hauteur; on y a ménagé un banc circulaire taillé en plein bois; on place, au besoin, une table ronde au milieu, et douze con­vives peuvent facilement s'asseoir autour; enfin une fenêtre et une porte vitrée donnent du jour à cette salle à manger d'un nouveau genre, que décore une tapisserie vivante composée de fougères, de champignons, de lichens et de mousses.
      Sur une lame de 30 centimètres de bois enlevé du tronc, vers le haut de l'entrée, l'observateur que nous avons cité a pu compter deux cents couches concentriques, d'où il ré­sulte qu'en prenant le rayon horizontal de la circonférence au centre, il existerait de dix-huit cents à deux mille de ces couches, et en admettant que chacune d'elles soit le produit d'une année d'accroissement, comme c'est le cas assez général pour les arbres dicotylés, le nombre total des couches porterait son àge à près de deux mille ans !
      On espère que les propriétaires du manoir de Montravail n'abattront pas ce magnifique et unique monument de 1'an­tiquité végétale, digne, au plus haut point, de l'admiration de tous.
      D'après des renseignements qui paraîtraient certains, il existe près le bourg de Varzay, dans le mème pays, un autre arbre presque aussi volumineux que colui de Montravail.
      Le vieux chêne du cimetière d'Allouville (voy. la Table des dix premières années), près d'Yvetot en Normandie, ressemble à l'arbre de Montravail, et paraît étre de la même espèce ; mais il lui est de beauconp inférieur dans ses proportions, et on lui accorde à peine neuf siècles d'existence; cependant il est cité comme une des merveilles de la France.
      Quant à cet énorme chàtaignier dit des cent chevaux, qu'on voit sur un des flancs de l'Etna (voy. la Table des dix premières années), sa circonférence n'est formée que par la réunion de branches distinctes, mais rapprochées de manière à simuler un mème tronc; elles sortent toutes d'une base commune qui est profondément enfouie sous des cendres vol­caniques: c'est donc, non pas un tronc unique comme colui que possède le département de la Charente-Inférieure, mais la réunion de plusiears arbres particuliers. 


LES PLUS GRANDS ARBRES CONNU DÉCOUVERTS DANS L'ILE DE VAN DIÉMEN
Le Magasin Pittoresque, 1850, p.358
Un voyageur anglais vient de découvrir des arbres gigan­tesques en Tasmanie, sur les bords d'un ruisseau, au pied du mont Wellington. On les nomme dans le pays Gommiers des marais; ce sont probablement des Eucalyptus. L'un de ces arbres était abattu; voici ses dimensions. Sa longueur totale était de 90 mètres; il avait 67 mètres de bille, c'est­-à-dire depuis les racines jusqu'à la première branche; à sa base le tronc avait 9m,2 de diamètre , et 3m,7 à la naissance de la première branche. Il faut donc se figurer un arbre de 11 mètres plus élevé que le sommet du Panthéon, et de 24 mètres plus élevé que les tours de Notre-Dame.
Un autre arbre encore debout avait, à un mètre du sol, 31 mètres de circonférence; il fallait, par conséquent, vingt hommes pour l'embrasser.
      La quantité de bois fournie par un de ces colosses est pro­digieuse. Le voyageur cuba le premier dont nous avons donné les dimensions, et trouva qu'il pèserait 446 886 kilogrammes,
Les arbres dont nous venons de parler sont les colosses du règne végétal; ils dépassent la taille de la plupart des arbres; autant que les cachalots et les baleines dépassent celle des plus gros animaux. Tous les Chênes, Pins, Tilleuls, Dracaena, Adansonia, cités jusqu'ici comme extraordinaires par leurs dimensions, rentrent dans la règle commune et ne sont plus des exceptions dans le règne végétal.

TRADUZIONI
1. [PRESENTAZIONE] L’amore per gli alberi non è una caratteristica soltanto dei tempi attuali, come siamo portati a credere, ma è antico quanto l’uomo. Anzi, ci sono documenti, testimonianze, che gli Antenati, anche solo i nostri bisnonni, avevano un rispetto e una venerazione particolare per i grandi e vecchi alberi monumentali carichi di rami e secoli, come veri e propri “testimoni” non soltanto della propria vita, ma anche della storia dell’uomo. E anche piantare un albero, fosse pure soltanto per averne l’ombra in futuro, era a quei tempi un gesto rituale e gioioso che – scrisse J.J. Rousseau – dava più soddisfazione dell’esposizione d’una bandiera vietata. E i nostri Antenati avevano perfino l’abitudine di misurarli questi alberi (circonferenza e diametro del tronco, altezza, lunghezza dei rami ecc), proprio come fanno oggi gli appassionati di alberi di oggi, che sembrano ad alcuni così maniacali. Non solo, ma gli amministratori, nel caso fortuito di morte o abbattimento di un albero monumentale, conservavano nei registri comunali le sue misure eccezionali, a futura memoria. Tutto questo lo abbiamo trovato per caso sfogliando un fascicolo del 1851 della rara e raffinata rivista di curiosità Le Magasin Pittoresque che si stampava a Parigi a metà Ottocento, illustrata da bellissime incisioni su disegni originali minuziosissimi. La fotografia ancora non esisteva.
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2. [PRIMO ARTICOLO] Jean-Jacques Rousseau parla di un albero di noce che aveva aiutato a piantare sulla spianata del vescovado di Bossey, la città dove aveva trascorso diversi anni della sua infanzia presso un pastore. «C'era – dice – fuori dalla porta della torre una terrazza alla sinistra entrando dove sedevamo spesso nel pomeriggio, ma che non aveva ombra. Per dargliela, il sig. Lambercier vi fece piantare un noce. L’operazione fu fatta con solennità: i due pensionanti fecero da padrini, e, mentre veniva riempita la buca, abbiamo tenuto l'albero ciascuno con una mano, con canti di gioia. Si fece, per annaffiarlo, una specie di laghetto tutto attorno alla pianta. Ogni giorno, spettatori ardenti di questo annaffiatura, mio cugino e io ci confermavamo nell’idea molto naturale che era più bello piantare un albero in terrazza che una bandiera in violazione della legge, etc. "
      Con gli anni, questo noce divenne molto bello, e, dopo la morte dell'autore dell’Emile, molti turisti fecero un pellegrinaggio a questo albero. Ora non esiste più: o perché non si curava della sua origine, o perché la ignorava, un contadino lo tagliò nel 1792.
      Non lontano da Bossey, e sul medesimo versante del grande Salève, s’innalzano le rovine dell’Abbazia di Pomiers, la cui fondazione risale a più di sette secoli. La posizione di questo antico monastero è delle più gradevoli: appoggiato alla montagna, magnifiche foreste lo contornano; ricchi prati partono dalla sua base e si estendono a perdita d’occhio. E’ vicino a questo monumento che abbiamo visto dei faggi giganteschi meravigliosi alla vista: l'attuale proprietario li ha fatti abbattere.
Traversiamo Ginevra per visitare Beaulieu che, come denuncia il suo nome, è una villa situata in una delle più belle zone del quartiere. Là si trova un cedro del Libano piantato nel 1735. Nel 1843, la sua altezza già superava i 30 metri. Il suo tronco, misurato a un metro dal suolo, ha una circonferenza di 4 metri e 20 centimetri. L’area coperta dai suoi rami ha un diametro di 19 metri e mezzo.
      Costeggiando la riva di Vaud al nord del Lago si arriva a Morges. Prima di entrare in questa graziosa cittadina, si cammina lungo un bel prato, dove c'è un vecchio tiro a segno: è qui che si vedevano ancora, sedici anni fa, due alberi gemelli più o meno della stessa taglia. Il più maestoso di questi due olmi morì la notte dal 4 al 5 maggio 1824, verso l’una, con un tempo perfettamente calmo. Si inchinò verso sud-est. Questa caduta non poté essere attribuita che alla estrema vecchiezza della pianta, le cui radici furono trovate per lo più marce. Due enormi rami, d’un peso molto considerevole, ruppero l’equilibrio non più mantenuto dalla resistenza delle radici.
      La perdita di questo olmo fu un vero dolore per gli abitanti di Morges, che, dopo aver sfogliato i registri pubblici della città, scoprirono che nel 1541 c'era una fontana vicino a questi alberi, di una grandezza notevole per quei tempi. Questi stessi registri diranno ai discendenti che l’olmo caduto era stato misurato, per ordine del sindaco, allo scopo di conservare il ricordo delle sue dimensioni. Ecco quello che si è trovato scritto. All’attaccatura dei rami al tronco, questo olmo aveva 11 metri e 16 centimetri di circonferenza; lo stesso tronco alla base misurava un diametro di 5 metri e 70 centimetri. La lunghezza del tronco dal terreno fino all’attaccatura dei primi rami era di 3 metri e 88 centimetri. Cinque dei suoi rami principali hanno dato le seguenti circonferenze: il primo 5 metri e 44 centimetri; il secondo 3 metri e 88 centimetri; il terzo 3 metri e 21 centimetri; il quarto 3 metri e 10 centimetri; il quinto 3 metri e 5 centimetri. Uno dei suoi rami conservava una grossezza uguale per 9 metri e 74 centimetri di lunghezza, e, arrivato a un'altezza di 23 metri, la sua circonferenza era ancora di 97 centimetri. Se l’albero che sopravvive conserva le sue radici sane, è facile prevedere che in un tempo remoto supererà considerevolmente le dimensioni di quello morto nel 1824.
      A distanza di 2 chilometri da Losanna, vicino alla strada che porta in Francia, via Cossonay, si trova un villaggio chiamato Prilly, presso il quale si trova un tiglio di grandezza molto notevole, e la cui ombra, nel XIII secolo, bastava a coprire la Corte di Giustizia del luogo quando emetteva le sentenze, il che deve far ritenere che in quel momento, almeno 500 anni fa, quell’albero doveva avere già raggiunto una certa grandezza. Alcuni osservatori sono convinti che nelle sue dimensioni supera l’olmo di Morges.
      Questo albero gigante è di proprietà del Comune di Losanna, che lo sorveglia con attenzione. Una piccola fontana, appartenente al comune di Prilly, mantiene la freschezza delle sue radici. Alcuni anni fa questa fontana richiese riparazioni che diventarono occasione di un accordo tra i due Comuni. E 'stato stabilito che la gente di Prilly prenda tutte le precauzioni per non danneggiare in alcun modo l'albero venerabile, e che di continuo lo si curi con attenta sollecitudine. Da parte sua, la città di Losanna ha preso l’impegno di non far mai abbattere questo tiglio; in modo che i pronipoti dei contraenti possono sperare di godere in futuro e per secoli la vista d’un albero davvero fenomenale, dato che la sua vegetazione è già sbalorditiva ai nostri giorni.
      Un olmo s’innalza maestoso all'ingresso di Lutry, e anche se non così grande come il tiglio di Prilly, non è comunque meno visitato, sia a causa della sua vecchiezza, sia per il suo magnifico sviluppo. Poiché vogliamo occuparci qui solo degli alberi della valle del Lemano, segnaleremo solo un tiglio che orna Villars; vi è stato piantato, a quanto ci assicurano, per perpetuare la memoria della battaglia di Morat nel 1476. Traversando il lago dopo Lutry, si sbarca a Meillerie, le cui rocce sospese sono separati dal Lemano che dalla bella strada del Sempione. Da Meillerie, e attraverso luoghi incantevoli, si arriva al curioso maniero di Taleman, teatro di una leggenda tanto misteriosa che sorprendente. Dal palazzo Taleman si arriva a quello di Maxili, e al centro d’un magnifico panorama, s’incontra il castello di Neuvecelle, dove tutti vengono ad ammirare il famoso castagno che diamo un disegno [v. sopra]. Senza dubbio questo albero era già molto sviluppato nel 1480: a quel tempo riparava un umile eremitaggio. Presenta oggi alla sua base una circonferenza di 13 metri. La sua chioma è stata più volte colpita dai fulmini. Ma anche se dobbiamo dolerci per questi accidenti, è ancora molto notevole: tanto che vede, durante la bella stagione, arrivare numerosi ammiratori da Évian per riposarsi sotto la sua ombra.
      Évian, le cui acque minerali alcaline sono così rinomate, non è distante da Neuvecelle e dal suo castagno che un chilometro al massimo: andiamoci per terminare la nostra escursione. Nel recinto dei bagni, non troviamo nessun albero delle dimensioni di quelli che abbiamo già descritto; non vi è in questo piccolo parco né olmo, né tiglio, né castagno, ma vi si trova, al di là del ponte che unisce la terrazza al parterre [le aiuole con fiori e piante basse, NdT], e un po’ al di sotto della sorgente, due rosai della medesima forma e di mensioni quasi uguali, il cui tronco a 27 centimetri di circonferenza. Questi alberi, anche se di un aspetto molto diverso di quelli di cui abbiamo parlato sopra, non sono affatto per il viaggiatore un motivo di sorpresa meno piacevole.
      Chi ha trascorso una stagione sulle rive dell’azzurro lago di Ginevra, al centro di una vegetazione così bella, non ne perde mai il ricordo [trad. N.Valerio].

IMAGES. 1. La chêne gigantesque de Montravail (Le Magasin Pittoresque, 1850). 2. L'enorme châtaignier monumental de Neuvecelle, au bord du lac de Genève (Le Magasin Pittoresque 1851 (disegno di Daubigny). 3. Le Magasin Pittoresque, Paris, année 1850.

AGGIORNATO IL 7 MARZO 2016

14 febbraio 2016

S. VALENTINO. Gli ipocriti fidanzati di oggi e i carnali Lupercali di Roma antica.

LE VERE RADICI CULTURALI. Nei giorni a metà del mese di febbraio, il 13, 14 e 15, gli Etrusco-Romani, fondatori della nostra Civiltà, celebravano l’antichissima festa dei Lupercalia (in it.: Lupercali), dedicata alla fertilità, alla prolificità delle donne, all’allattamento, ma anche alla difesa delle greggi dai lupi – da cui il nome – predatori molto attivi in questo periodo di fine inverno.
      La festività dei Lupercalia aveva origini lontane e complicate. Era collegata alla leggenda di Romolo e Remo allattati dalla lupa, animale bellicoso dedicato a Marte, dio della guerra, diventata poi il simbolo di Roma, nonostante che lupa significasse in latino anche prostituta, da cui lupanare cioè bordello. La lupa della leggenda si sarebbe rifugiata in una grotta ai piedi del Palatino venerata per secoli dai Romani, localizzata nel 1576 e poi dimenticata. Ritrovata con le sue decorazioni durante scavi del 2007, secondo un'ipotesi del prof. Carandini. Corrisponde a quella descritta da Dionigi di Alicarnasso (v. immagine 2).
      Ma i Lupercalia erano dedicati soprattutto al dio Fauno o Luperco (lupus + hircus, lupo-caprone), una delle tante divinità della Natura, protettore di pascoli, pecore e capre, che per i popoli antichi, tutti nati dalla pastorizia, erano la prima e fondamentale ricchezza. Non per caso pecus (pecora) ha dato origine a numerose parole latine passate poi all’italiano, come peculium (patrimonio),  pecunia (moneta, denaro), pecuniarius (che riguarda la ricchezza), pecuniosus (benestante), peculiaris (attinente al peculio, proprio), peculiatus (danaroso), peculiare (verbo: togliere a qualcuno parte dei suoi beni),  peculatus (furto del denaro pubblico), peculator o peculor (ladro del denaro pubblico) ecc.
      Senonché Fauno era anche un dio dalla prepotente sessualità, inseguiva perennemente le Ninfe dei boschi allo scopo di possederle sessualmente, era insomma il dio "specializzato" nella penetrazioe femminile. Alla sua statua, non di rado itifallica, cioè dal fallo spropositato, le donne e le famiglie davano valore beneaugurante di fertilità e quindi di prosperità.
      Durante i Lupercali in origine le donne gravide correvano nude o seminude dal Palatino fino al bosco sacro a Giunone ai piedi dell’Esquilino (forse l’attuale Colle Oppio) per avere figliolanza e latte, in ricordo di un’antica protratta sterilità guarita dalla Dea. La leggenda vuole che Giunone rispondesse alle implorazioni facendo stormire le fronde. Per avere la fertilità desiderata – interpretarono il responso i sacerdoti – le donne dovevano farsi penetrare da un montone!
      Sgomento da parte delle donne. Ma viene in soccorso la furbizia dell'aruspice etrusco che traduce a modo suo beffando l'oracolo della Dea: macché penetrazione, basta un gesto simbolico, per esempio percuotere con striscioline di pelle di montone il dorso femminile. Per inciso, il contatto dorsale della pelle dell’animale era una scoperta allusione alla pratica del “more pecudum”, modo di accoppiamento tipico degli animali e modo preferenziale – allora – anche tra gli umani. Il trucco funzionò, dice la leggenda. In seguito, come riferiscono gli storici romani, la cerimonia fu impersonata dai Luperci, sorta di sacerdoti specializzati mascherati da lupo o pecora che percuotevano con strisce di cuoio tutte le donne giovani che incontravano per strada, allo scopo di renderle fertili.

      La festa era molto sentita dal popolo, e forse trattando di fecondità doveva avere anche dei risvolti licenziosi. Fatto sta che negli ultimi secoli dell’Impero altri sacerdoti, ben più bigotti, quelli cristiani, come fecero con tutte le altre feste pagane, a cominciare dai Saturnali, si preoccuparono di cancellare i Lupercali.
      Un ricordo dei Lupercali, molto edulcorato, è l’attuale ricorrenza di S.Valentino (guarda caso, il 14 febbraio), "festa degli amanti" e inevitabilmente della sessualità, che sembra riprendere gli antichi riti della fertilità con tanto di lupe (in tutti i sensi), caproni e donne giovani che devono essere penetrate.
      Ma questo misterioso Sanctus Valentinus? Non si sa come sia collegato a faccende di sesso: era un martire cristiano italiano, nato a Terni e fatto giustiziare dall’imperatore. Non ci interessa minimamente, ma incuriosisce che sia infinitamente più famoso in America che in Italia, dove non solo il Santo, ma anche la festa degli innamorati a lui dedicata, erano bellamente ignorati fino a pochi decenni fa, cioè prima che la "americanizzazione" veicolata dai tre canali del globalismo (stampa, tv, mercato delle merci) cambiasse gli usi consumistici italiani, dal Babbo Natale che porta doni al posto delle nostra Befana, alle stupide zucche e streghe di Halloween, alle regalie e dimostrazioni sessuali d'obbligo per il "Valentine Day", che però – pare – non soddisfino mai le giovani donne. Vedere, sotto, la perfida cartolina violentemente satirica contro le esagerate aspettative delle golose ragazze americane, che solo un “pene di cioccolata che eiaculi monete” potrebbe soddisfare per S. Valentino!
      Ci voleva l’orgia dei regali e delle coccole erotiche del Valentine Day (o anche solo Valentine) del mondo anglosassone per resuscitare in un colpo solo le (vere) radici Etrusco-Romane della Civiltà Occidentale, tramite stavolta le (false) radici cristiane d’Italia e d’Europa. E come per i Saturnali e le Ferie di Augusto, tanto potenti erano quelle spontanee e simboliche feste arcaiche, proprio perché fondate sui valori concreti, sui bisogni veri e naturali degli uomini, che anche col velo censorio e ipocrita della Chiesa perfino i Lupercali non sono stati dimenticati.
      Oggi in America, proprio per reazione all’insopportabile, mielosa, ricorrenza di S. Valentino, si sta sempre più diffondendo il ricordo degli antichi Lupercalia, fino al punto da augurarsi ironicamente “Happy Lupercalia”. E’ un modo originale e più che ironico, dissacrante, di dir male di S. Valentino, questa stupida festa in cui è doveroso farsi regali tra amanti, fidanzati e sposi, diventata ormai un vero e proprio affare commerciale e un grande stimolo al mercato (negli Stati Uniti si calcola ogni anno una spesa pari a ben 18 miliardi di dollari). Perciò abbondano negli States blog, siti e vignette iconoclastiche e sarcastiche “contro” il Valentine Day, tra cui una intera serie di My Cards piena di satiriche volgarità, espliciti riferimento al sesso, al pene, alle tette, al “blowjob”, alla masturbazione e alle scopate che nel giorno di Valentino amanti, non-amanti, ex-amanti e singoli praticano.
      Così, dalla penetrazione nient'affatto simbolica delle ninfe da parte dei pastori a quella simbolica e allusiva di un montone si arriva oggi alla dolciastra e ipocrita dichiarazione di “amore eterno” tra innamorati, mentre il brutale animalesco “more pecudum” è ridotto agli sbaciucchiamenti adolescenziali o allo stanco sesso rituale tra vecchi amanti: la tomba dell’amore.
      Ecco perché, per reazione a questo insopportabile buonismo ipocrita e piccolo-borghese, negli Stati Uniti, luogo di tutti i conformismi e in conseguenza di tutti gli anticonformismi, oggi S. Valentino è diventata per molti una specie di festa della sessualità ritrovata. Insomma, si ritorna alle origini, alla simbologia della donna che si fa coprire dal montone.
      C’è talmente tanto astio, giustamente, contro il Valentine Day che abbiamo faticato a trovare immagini spiritose ma non volgari in tema. In compenso quella che qui pubblichiamo è davvero eccezionale per umorismo, ironia e sarcasmo. D’altra parte, è noto, la battuta perfetta non può non essere caustica e perfida (anche se questa appare rivolta solo alla donna, mentre a ben pensarci coinvolge necessariamente l’uomo)!
Infine, gli appassionati di jazz non possono dimenticare le tante interpretazioni jazzistiche della famosa canzone My Funny Valentine, così popolare come popolare è oggi la festa degli innamorati e popolare era ieri quella dei Lupercali.

APPENDICE
Sui Lupercali si veda il video dell'esilarante e coltissimo Renato Minutolo che come "Alessandro il Barbero" fa la satira dello storico Alessandro Barbero: 
Si legga anche la voce nella Enciclopedia Treccani del 1934.

JAZZ. Di My Funny Valentine esiste una interpretazione con la sola tromba di Chet Baker (senza voce) che non riesco a trovare su YouTube, e quella stupenda, lirica e disperata, di Chet Baker alla tromba accompagnato in sottofondo dal soffio del sax baritono di Mulligan e dal contrabbasso di Carson, del 1952. Per chi ama la canzone, sola voce, c'è anche un'interpretazione di Chet Baker.

AGGIORNATO IL 14 FEBBRAIO 2022